Barka! Quel spectacle!

Gypsy Kumbia Orchestra présente un chaos joyeux qui cache une tragédie

Le narrateur nous invite à bord de son histoire 

Un récit inhabituel

Assister à Barka du Gypsy Kumbia Orchestra, c’est comme embarquer sur un bateau sans vraiment savoir où il va, et honnêtement, ça colle parfaitement au thème du spectacle.  

Dès le début, on est entraîné dans un univers éclaté où la musique, la danse et le cirque se mélangent dans un joyeux chaos à la Salle Pauline-Julien. Ça surprend et ça déstabilise parfois, ce qui finit par créer un univers unique. On retrouve une dramaturgie plus profonde qu’on ne le pense. Le point le plus intéressant de Barka, selon moi, c’est son dénouement. Sous toute cette euphorie, ce tourbillon de couleurs et d’interactions avec le public, le spectacle nous raconte en fait une histoire beaucoup plus dramatique: celle d’un bateau qui s’en va droit vers la tempête, sans que personne ne s’en rende vraiment compte.  

Mon personnage préféré

C’est là que le personnage du passager pessimiste devient fascinant. Ce personnage est interprété par l’acrobate au mât chinois qui est un excellent acteur et techniquement très solide. Il est le seul à réellement voir ce qui s’en vient.  

La poésie de la vie

La musicienne avec l’accordéon lance:

« On voit l’absurdité de la vague qui nous emporte. »

Cette réplique, un peu jetée comme ça, devient très lourde de sens quand on connaît le destin du bateau. Mais même avant on comprenait son sens. La vie est absurde et on se cherche un but, un sens, une raison d’être; cependant, on est tous dans le même bateau. Elle résume parfaitement la folie joyeuse de la troupe. Cette énergie qui les pousse vers l’avant sans réfléchir comme s’ils refoulaient la vérité.  

Et puis arrive la fin, où tout bascule. Le ton change subtilement, la musique change, la lumière se resserre.

Le dénouement du récit

C’est à ce moment qu’une autre phrase résonne:

« Dans le fond, on ne savait même pas vers où on allait, alors je ne sais pas pourquoi on essayait d’aller aussi vite. »

Quand cette ligne est dite, on comprend enfin tout ce qu’on avait manqué en arrière-plan. Le rire, la danse et la musique servaient à camoufler la catastrophe qui approchait. Et c’est beau, parce que même dans la tragédie, Barka garde une certaine douceur.  

Le mélange de disciplines

Le cirque, la danse et la musique se mêlaient, parfois bien et d’autres fois le côté musique délaissait la danse et les acrobaties, ce qui nous faisait perdre des bouts importants de l’histoire. Sur le plan du cirque, même si je pense qu’il en manquait un peu, les numéros présents étaient magnifiques. Les performances au cerceau et à la roue cyr étaient fluides et bien exécutées. Chaque fois que ces moments arrivaient, on sentait vraiment la salle regarder plus attentivement le spectacle.  

Le public participe

La musique, très présente du début à la fin, crée une ambiance très vivante. Les interactions fréquentes avec le public pour nous inclure dans la danse abaissaient la qualité de la performance des artistes. Je la trouvais parfois un peu excessive; cependant, les musiciens passionnés ont réussi à mettre la foule dans leur poche. La dernière chanson, après le naufrage de la Barka, m’a donné des frissons. Toute la troupe était réunie sur un minuscule radeau, ce qui était à la fois touchant et symboliquement très fort.  

Musiciens et acrobates nous emportent dans la tempête

À vivre au moins une fois

C’est une expérience unique. Barka n’est peut-être pas le spectacle le plus facile à saisir en raison de l’espagnol utilisé assez fréquemment, mais c’est l’une des performances les plus uniques que j’ai vues. On rit, on participe et on se fait prendre par la dramaturgie intelligente qui cache une fin dramatique derrière le mur d’euphorie. 

C’est un chaos sur « la barka », qui réussit à nous laisser quelque chose de plus grand une fois les lumières rallumées. 

À vous de découvrir! 

Zoé